que
conj
1. (introduisant complétive)
that ;
- il sait que tu es là he knows (that) you’re here ;
- je veux que tu acceptes I want you to accept ;
- il a dit que oui he said he would (ou it was etc)
2. (reprise d’autres conjonctions) :
- quand il rentrera et qu’il aura mangé when he gets back and (when) he has eaten ;
- si vous y allez ou que vous ... if you go there or if you
3. (en tête de phrase : hypothèse, souhait etc) :
- qu’il le veuille ou non whether he likes it or not ;
- qu’il fasse ce qu’il voudra ! let him do as he pleases !
4. (but) :
- tenez-le qu’il ne tombe pas hold it so (that) it doesn’t fall
5. (après comparatif) than ; as ;
voir aussi
- plus ; aussi ; autant etc.
6. (seulement) :
- ne ... que only ;
- il ne boit que de l’eau he only drinks water
7. (temps) :’
§ elle venait à peine de sortir qu’il se mit à pleuvoir she had just gone out when it started to rain, no sooner had she gone out than it started to rain ;
§ il y a 4 ans qu’il est parti it is 4 years since he left, he left 4 years ago
adv (exclamation) :
- qu’il ou qu’est-ce qu’il est bête/court vite ! he’s so silly ! he runs so fast !;
- que de livres ! what a lot of books !
pron
1 (relatif : personne) whom ;
( : chose) that which ;
- l’homme que je vois the man (whom) I see ;
- le livre que tu vois the book (that ou which) you see ;
- un jour que j’étais ... a day when I was ...
2 (interrogatif) what ;
- que fais-tu ?, qu’est-ce que tu fais ? what are you doing ?;
- qu’est-ce que c’est ? what is it ?, what’s that ?;
- que faire ? what can one do ?;
- que préfères-tu, celui ou celui-là ? which (one) do you prefer, this one or that one ?
Conjonction, adverbe ou pronom, que a pour fonction syntaxiquement, de nominaliser ou d'adjectiver une phrase: dans je sais que p, que p tient la fonction substantive d'un complément d'objet; dans qu'il est beau!, il y a également une sorte de nominalisation: l'ensemble est comparable à Le beau garçon! (v. G. MOIGNET, « Systématique du mot que » ds Ét. de psycho-systématique fr., Paris, Klincksieck, 1974, pp. 184-211); sémantiquement, la fonction de que est de suspendre la valeur de vérité de la proposition qu'il introduit, cette valeur pouvant être rétablie contextuellement: Il sait que p, Il ignore que p, Il regrette que p présupposent que pest vrai; Il s'imagine que p présuppose que p est faux; Il dit que p, Il pense que psupposent la vérité de p, mais seulement pour le sujet de l'énoncé (il); Je ne dis pas que p rejette explicitement la valeur « vrai » de p, etc.; le mot que s'oppose ainsi à si(Il ne dit pas si p), qui suspend aussi la valeur de vérité, mais sans que le contexte permette de la rétablir. Dans l'interrogative partielle (Que fait-il?), la valeur de vérité est limitée aux seules présuppositions (Il fait quelque chose), la variable que étant appelée à être saturée dans la réponse. Dans Qu'il est beau!, la suspension de la valeur de vérité conduit à un parcours de possibles et à la restitution de la valeur « vrai », y compris dans les cas d'intensité maximale.
I. Empl. conjonctionnels
A. Conj. de sub.
1. [Introd. une complét. en fonction de suj., antéposée ou postposée à la princ.] Qu'il fût plus utile que Katow n'était pas douteux (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 207). Le résultat est que nous continuions à mettre au premier plan nos sentiments personnels (CAMUS, Peste, 1947, p. 1282).
N'était que... [Introd. une réserve, présente ce qui fait obstacle] N'était qu'il souffrait par moments de rhumatismes, il jouissait d'une santé robuste (E.HENRIOT, Aricie Brun, I, 2 ds GREV. 1964, § 1050).
2. [Introd. une complét. en fonction d'obj.]
a) [Après différents types de verbes]
) [Après un verbe déclaratif (déclarer, dire, raconter) ou un verbe d'opinion (croire, supposer, imaginer, etc.)] Elle affirme qu'on l'a enfermée parce qu'elle refusait d'attaquer Phili et de demander le divorce et l'annulation (MAURIAC,Nœud vip., 1932, p. 290).
[Avec invers. de la princ.] Que je sache. V. savoir1.
Pop. C'est tout la même race, qu'il dit (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 164).Restons pas dehors! qu'il me dit. Rentrons! (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 11).
[En tête d'un paragraphe ou d'un chap., que présente sans verbe introducteur le thème dont il va être question] Que la vertu est le plus grand de tous les biens(Ac.).
) [Après un verbe de perception (entendre, s'apercevoir, voir, etc.)] J'ai entendu que l'on se préoccupait des épidémies inévitables favorisées par le changement de saison (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 210). S'apercevoir que l'on a un foie, ou un cœur, quelle découverte! (CLAUDEL, Père humil., 1920, I, 2, p. 499).
[Dans les tournures présentatives voici que, voilà que] Mais voici que l'affaire se corsait, encore une fois (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 591). Oh! oh! voilà que déjà son cœur bat et sonne, tandis que la sueur ruisselle entre ses épaules (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 210).
) [Après un verbe de sentiment (admirer, craindre, s'étonner, se réjouir, se repentir, etc.)] Car j'aime que l'homme donne sa lumière (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 571).
) [Après un verbe de désir ou de volonté (souhaiter, tolérer, vouloir, etc.)] J'exige que tu me répètes les trois derniers mots (GIRAUDOUX, Intermezzo, 1933, I, 5, p. 37).
Rem. L'ind. est empl. quand ce qui est dit est affecté au domaine du probable ou du certain, notamment après les verbes ou les loc. d'affirm. à la forme positive (croire, dire, il me semble, il est clair que): On arme le peuple! Nous aussi? demanda le Négus. Je te dis qu'on arme le peuple! (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 447). Dès lors que la sub. est vérifiée seulement dans un monde possible, c'est le subj. qui l'emporte: Il semble qu'elle soit là comme ces jeunes bêtes que le chasseur attache et abandonne dans les ténèbres pour attirer les fauves (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 161). Il en est ainsi notamment après les verbes exprimant le doute, la crainte, le souhait ou la volonté: Je doute qu'il soit possible de récupérer plus de la moitié des armes (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 273). Ils craignaient que ne comptassent guère les conditions de la reddition pour ceux qui les reconnaîtraient personnellement (ID., Espoir, 1937, p. 558). Le subj. s'impose aussi, même si le fait est certain, chaque fois que la princ. met au premier plan les réactions du suj. (domaine de l'appréciation): Je regrette qu'il soit venu laisse entendre qu'il est effectivement venu, mais suggère aussi, en raison même du sentiment qui s'exprime, qu'il aurait pu se faire qu'il ne vienne pas.
b) [Introd. une complét. coordonnée] Je m'étonne que sa grande érudition littéraire lui permette une production si soutenue et si parfaite ou que son travail d'écrivain lui laisse du temps pour tant lire (GIDE, Journal, 1895, p. 62).Le docteur répondit que c'était une chance sans doute et qu'il fallait espérer seulement que sa femme guérît (CAMUS, Peste, 1947, p. 1283).
[Avec reprise de la conj. devant chaque terme d'une série juxtaposée] Il savait que ce rare esprit, que cette haute intelligence, que ce vaste savoir, s'alliaient à une perversité (SUE, Myst. Paris, t. 2, 1842, p. 141).
c) [Introd. une complét. imbriquée]
[dans une rel.] La seule précaution que je crois qu'on doive prendre alors, c'est... (BRUNETIÈRE, Essais sur la litt. contemp., 1892, p. 23 ds J. HÄRMÄ, Rech. sur les constr. imbriquées rel. et interr. en fr., Helsinki, Suomalainen Tiedeakatemia, 1979, 31). Lorsque dans la cabane des palombes, où tu voulais toujours que nous emportions notre goûter, je demeure auprès de lui, je sens... (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 119):
1. Dès les premières causeries que nous eûmes, je me vis comme contraint par eux de jouer un faux personnage, de ressembler à celui qu'ils croyaient que j'étais resté, sans peine de paraître feindre.
GIDE, Immor., 1902, p. 422.
3. [Introd. une complét. en fonction de suj. dit ,,réel``, après un verbe ou une tournure impers.] Il est bon, étrange, possible, rare, sûr que; il est temps que; il arrive, il faut, il suffit que. Peu s'en fallut que je n'y fisse monter les enfants (GIDE, Journal,1903, p. 137). Il est nécessaire que je m'ouvre de tout ceci à nos supérieurs(BERNANOS, , Soleil Satan, 1926p. 230).
Il y a que... Alors, en somme, qu'est-ce qu'il y a? Il y a que tout l'actif va être mangé (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 795).
4. [Introd. une complét. appelée par un adv. de phrase et correspondant à une tournure impers.] Sans doute que..., probablement que..., certainement que..., heureusement que... Demain, peut-être qu'il sera si piètre matador que quelqu'un devra sauter dans le rond pour achever sa victime (MONTHERL., , Bestiaires, 1926, p. 524).
5. [Introd. une complét. en fonction d'appos.]
a) [Apposée à un subst.] Le sentiment que..., l'espoir que..., la crainte que... Le bruit court qu'il a eu un accident.
À l'idée que... V. idée I A 1 d. D'une heure à l'autre, à l'idée que j'écris, que je dois poursuivre, je m'écœure. Jamais je n'ai de sécurité, de certitude (G.BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 181).
b) [Apposée au pron. ce]
) C'est que (littéral. « ceci est, à savoir que... »). Introduit une explication de ce qui précède ou bien une objection, une rectification à ce qui vient d'être dit. Sans doute on comptera les moutons d'un troupeau et l'on dira qu'il y en a cinquante (...) mais c'est que l'on convient alors de négliger leurs différences individuelles pour ne tenir compte que de leur fonction commune (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 68).
Si ... c'est que. Si je vous élève, c'est que je vous tire hors de votre peau(SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 587).
Est-ce que...? (littéral. « ceci est-il, à savoir que... »). En toute conscience, est-ce que vous croyez que Dieu me pardonnera? (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 736).
Ce que c'est que... (littéral. « ce que c'est, à savoir (que) »). Ce que c'est que d'avoir étudié! Ce que c'est que la vie! Mais voyez ce que c'est que la vanité! (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 33).
) [Après un verbe en constr. indir.] Aboutir, parvenir à ce que; abuser, s'irriter, remercier, venir de ce que. C'était déjà trop que d'avoir consenti à ce qu'elle portât des robes blanches dans la semaine (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 124).
c) [Apposée à un groupe nom. qui fait office de thème, la compl., réduite à un groupe nom., joue le rôle de prédicat] Quelle belle fleur que la rose! (v. H. BONNARD, infrabbg.).
6. [Introd. une sub. circ.]
) [Que est le 2e élém. d'une loc. conj. exprimant l'antériorité, la simultanéité ou la postériorité] On songera à ce musicien invisible qui joue derrière la scène pendant que l'acteur touche un clavier dont les notes ne résonnent point(BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 119.
SYNT. Avant que, après que, jusqu'à ce que, d'ici à ce que, tant que, aussi longtemps que, à mesure que, toutes les fois que, chaque fois que, pendant que, tandis que, cependant que.
[En sub. inverse]
À peine ... que. À peine le médecin avait-il disparu, que Mme Josserand sortit de la pièce avec Mme Dambreville (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 156).
[Après une princ. négative] Il n'avait pas fait dix pas qu'il apercevait l'autocar, qui venait de s'arrêter. Il y monta. Ils n'étaient que trois voyageurs dans le car(MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 900).
) [Empl. seul, introduisant une temporelle dans des systèmes exprimant la simultanéité ou la postériorité]
[Précédé d'une phrase nég.] Que ne + verbe au subj. Avant que, tant que.Roland, dans son cercle étroit de chevalerie, courait après Angélique; les conquérants de première race poursuivent une plus haute souveraine: point de repos pour eux qu'ils n'aient pressé dans leurs bras cette divinité couronnée de tours, épouse du Temps, fille du Ciel et mère des dieux (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 425). Je n'aurais point de repos que je n'aie contemplé une chose si merveilleuse (A. FRANCE, Thaïs, 1890, p. 270).
N'avoir de cesse que. Tu n'eus de cesse que je ne me fusse résigné à garder le lit et à faire venir Arnozan (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 145).
) [Introd. une temporelle coordonnée] Quand on aime et qu'on voudrait croire à la réalité unique de l'individu (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 535).
b) [Circ. causale]
) [Que est le 2e élém. d'une loc. conj. exprimant la cause] Par cela que, attendu que, d'autant que, étant donné que, parce que, vu que. L'enfant viendrait avant terme, vu que j'aurai pas à manger (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 584):
3. Parce que ton Polynice, cette ombre éplorée et ce corps qui se décompose entre ses gardes et tout ce pathétique qui t'enflamme, ce n'est qu'une histoire de politique.
ANOUILH, Antig., 1946, p. 181.
[après un verbe ou un adj. de sentiment] Le duc s'enorgueillissait que, sur une centaine de ses bêtes ainsi essayées, une quarantaine seulement fussent d'ordinaire gardées pour l'arène (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 408). Il avait été heureux que la propriété de son père servît à quelque chose (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 792).
[dans des phrases interr. ou exclam., justifiant l'acte interr. ou exclam.] Êtes-vous encore endormi, que vous ne voyez pas l'éclat des bougies? (SAND, Lélia, 1833, p. 248). Est-ce que vous avez des amis de ce côté-là, que vous connaissez si bien Balbec? (PROUST, Swann, 1913, p. 131).
[après non, gén. corrél. de mais] Non qu'il se méfiât de son père; mais il exigeait d'être seul responsable de sa vie (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 208).
) [Introd. une causale coordonnée] Votre pièce n'est pas une tragédie classique parce qu'elle a moins de cinq actes et que la règle des trois unités n'y est pas observée (MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 155).
Rare
[Reprend car; considéré comme incorrect] Que je serais très heureuse de revoir car elle m'a beaucoup plu et que c'est pour moi une vraie fête de pouvoir parler de choses sérieuses avec quelqu'un qui a l'air de les comprendre (G. BEAUMONT,Harpe irlandaise, II, p. 5 ds GREV. 1986, § 259 b 2 o).
[Reprend pourquoi; également considéré comme incorrect] Voilà pourquoi (...) avant de partager avec lui ce souper amer et suprême, elles pensèrent à lui offrir le leur et qu'elles en firent un chef-d'œuvre (BARBEY D'AUR., Diabol., [1874], 62, ds GREV. 1986, § 1028).
c) [Circ. finale]
) [Que est le 2e élém. d'une loc. conj. exprimant le but] Afin que, de peur que, de crainte que, pour que. Elle détachait les morceaux à même son sac, pour qu'on ne vît pas qu'elle mangeait, car c'était là tout son dîner (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 840).
) [Empl. seul après un impér.] Asseyez-vous là, que nous causions, me dit-elle(FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 114). Zoé, tu es (...) une sœur très aimable. Viens que je t'embrasse (A. FRANCE, Bergeret, 1901, p. 82).
) [Introd. une finale coordonnée] Les enfants s'amusaient parfois à y mettre [dans la salade] des fils de soie rouge, afin qu'on les prît pour des chenilles et qu'on eût un moment de joie (GIRAUDOUX, Églantine, 1927, p. 163).
Littér. [Coordonne une finale au subj. à une première à l'inf. introd. par pour]Alban prit la muleta, la mouilla et la frotta un peu dans le sable pour l'alourdir et qu'elle résistât au vent (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 539).
d) [Circ. conséc.]
) [Que est le 2e élém. d'une loc. conj. exprimant la conséquence] De/en sorte que, tant que, si bien que, à tel point que. Elle perdait la notion du lieu au point qu'il lui arrivait de tomber tout à coup de sa chaise (GIDE, Si le grain, 1924, p. 410).
Si + adj./adv. + que. C'était une amitié neuve que nous allions bâtir, si solide que rien ne la détruirait, si merveilleuse que j'espérais que Gilberte mettrait quelque coquetterie à lui garder toute sa beauté et à m'avertir à temps (PROUST,J. filles en fleurs, 1918, p. 486).
Verbe + tant + que. Ernestine (...) faisait tant, qu'il me parut d'abord que tout le chagrin de ma tante pesait sur elle (GIDE, Si le grain, 1924, p. 386).
Tant de + subst. + que. Cette pose dessinait son jeune corps avec tant de précision, que l'irritation de Gilbert s'accrut (ARLAND, Ordre, 1929, p. 42).
Tel + subst. + que. Je suis pris de telles convulsions que je rends à genoux les doigts enfoncés dans le sable (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 232).
Tellement + adj. + que. Bientôt les rapports d'idées deviennent tellement vagues, le fil conducteur qui relie vos conceptions si ténu, que vos complices seuls peuvent vous comprendre (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 357).
Tellement de + subst. + que. Il court en criant de toute sa voix, avec tellement de force et de rage qu'elle s'éraille, qu'elle ne peut plus sortir de sa gorge(MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 559).
Assez/trop ... pour que. Il m'a jeté à la figure assez de choses atroces, pour que je sois sûre qu'il disait vrai (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 283).
Faire que, en sorte que. La pyramide était composée de minuscules choux à la crème, enduits d'un caramel résistant qui les soudait l'un à l'autre et faisait que la cuillère les crevait plutôt que de les séparer (GIDE, Si le grain, 1924, p. 380).Fais que nul ne me voie jusqu'à ce que ce soit fini (ANOUILH, Antig., 1946, p. 200).
) [Empl. seul] Les commandes pleuvaient à l'abbaye que c'était une bénédiction(A. DAUDET, Lettres moulin, 1869, p. 257). Elle avait des façons vraiment De désoler un pauvre amant, Que c'en était vraiment charmant! (VERLAINE,Romances sans par., 1874, p. 53).
[Après une princ. nég.] Que ... ne + subj. Sans que. Il ne pouvoit aborder à un rivage qu'il n'y soulevât des tempêtes (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 367):
4. Je ne puis descendre aujourd'hui dans une auberge, en France ou à l'étranger, que je n'y sois immédiatement assiégé.
CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 428.
e) [Circ. adversative ou concessive]
) [Que est le 2e élém. d'une loc. conj. exprimant l'oppos. ou la concession] Pendant que, tandis que, lors même que, au lieu que, bien que. Si l'on vous invite à soulever un panier que l'on vous aura dit rempli de ferraille, alors qu'il est vide en réalité (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 48).
Sans que
[Avec valeur de simple oppos.] Chaque jour il ralentit devant la maison Péloueyre, sans que jamais Noémi poussât les volets (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 190):
5. ... des domestiques sont restés des semaines sans obtenir d'elle une réponse à leur salut matinal, sont même partis en vacances sans qu'elle leur dît adieu et qu'ils devinassent pourquoi...
PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 321.
) [L'oppos. ou la concess. est fondée sur une propriété qui reste inopérante même à un haut degré]
Pour ... que. Le peuple, pour ravi qu'il fût de sa libération, aurait à subir longtemps de dures épreuves (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 21).
Si ... que. Défauts auxquels, si jeune que je fusse, je ne laissais pas d'être sensible (GIDE, Si le grain, 1924, p. 444).
Tout ... que. Tout marquis que je suis, j'ai droit à la justice, je pense?(BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 63).
Quelque ... que. Mais quelque attentive que fût la curiosité des visiteurs, elle ne fut point satisfaite (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 248).
Qui que. Qui qu'elle fréquentât, elle resterait pour tout le monde duchesse de Guermantes (PROUST, Fugit., 1922, p. 669).
Qui que ce soit. En vérité je ne crois pas que ni Rubinstein, dont je me souviens à merveille, ni qui que ce fût au monde, pût jouer la Fantaisie en ut mineur de Mozart, par exemple, ou tel largo d'un concerto de Beethoven, avec une plus tragique noblesse, avec plus de chaleur (GIDE, Si le grain, 1924, p. 398).
Quoi que. Mais, quoi que tu puisses en penser d'abord, il faut accepter cette sanction d'un cœur contrit, comme une mesure prise pour ton bien (MARTIN DU G.,Thib., Cah. gr., 1922, p. 673).
Quoi que ce soit. Il répugnerait à la perfection de son sentiment d'exiger quoi que ce fût en retour (M. JOUHANDEAU, Réflexions sur la vie et le bonheur, Paris, Gallimard, 1958, p. 136).
Quel que. Qu'une chose, quelle qu'elle soit, ne soit point faite pour une autre chose, quelle qu'elle soit (GIDE, Journal, Feuillets, 1893, p. 46). Cela ne nous empêche pas de faire chaque jour, quel que soit le temps (...) une grande marche de deux heures (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 693).
Rem. Quel, adj., s'accorde en genre et en nombre avec le suj. Toutefois la confusion avec quelque est fréq.: quelle que soit la cause est souvent écrit, à tort, quelque soit la cause; quels que soient les événements écrit quelques soient les événements.
Où que. Ah, merveilleuse, ah, vraiment adorable apparition de la valeur après la non-valeur! Où qu'elle soit, comment la méconnaître? (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 552).
) [Que introd. une oppositionnelle coordonnée] Il prenait cette profession de foi pour une bravade, bien que le marquis parlât sans fard, et qu'en vrai paysan il se sentît porté vers un gouvernement qui préside aux concours agricoles et prime les animaux gras (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 63).
f) [Que introd. une hypothétique]
) [Que est le 2e élém. d'une loc. conj. exprimant l'hypothèse] À (la) condition que, à moins que, en admettant que, en supposant que, en cas que, pourvu que. Les problèmes qui valent d'être envisagés n'ont de sens qu'à la condition que, les posant, l'on parvienne au sommet: fol orgueil nécessaire pour être déchiré (G.BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 73).
Selon/suivant que ... ou que. Selon qu'ils étaient plus près ou plus loin du jet d'eau central (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 519).
[Marque une condition minimalement suffisante] Pour peu que. Pour peu que l'on suât, le plastron devenait atroce (GIDE, Si le grain, 1924, p. 405):
6. « Ces honnêtes gens-là », se dit-il, « pour peu qu'ils soient ardents et courageux, sont souvent plus dangereux que les canailles! (...) »
MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1336.
Que ... ou que + subj. Qu'il l'eût voulu ou qu'il eût été abandonné, c'était également beau (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 552). Qu'il chante mal, et qu'on rie, c'est celui-là qui est touchant (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 479).
[Sans ou] Que ce soit dans la nuit et dans la solitude, Que ce soit dans la rue et dans la multitude, Son fantôme dans l'air danse comme un flambeau (BAUDEL., Fl. du Mal, 1857, p. 70):
7. Son cœur se brisait qu'elle fût tout en noir, se brisait qu'elle n'eût qu'une poignée de pâquerettes dans les cheveux.
MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 466.
) [Introd. une hypothétique coordonnée] S'il est seul dans le jardin, et qu'il tombe, il pleure (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 841).
Rem. Bien entendu, c'est seulement en phrase hypothétique que et si est remplaçable par et que devant la coordonnée. Mais lorsque si n'amène pas une supposition, lorsqu'il sert seulement à interroger (interr. indir.) sa reprise s'impose devant la coordonnée: Il se demande s'il tentera de les voir, et s'ils le recevront (LE BIDOIS1967, § 1625).
B. Conj. de compar.
1. [Avec un antécédent, adj. ou adv., impliquant l'idée d'une confrontation]
a) [Adj. de sens qualitatif] Tel que. Il trouvait que le rôle d'un homme sage et éclairé, tel que lui, était de se tenir dans l'actualité (AYMÉ, Jument, 1933, p. 30).
Fam. ou pop. Je te laisse tel que. Tel quel. Si c'est un fait divers, (...) pourquoi ne serait-il pas possible de l'utiliser tel que dans un roman? (A. BILLY ds Le Figaro littér., 23 mars 1955 ds GREV. 1986, § 620).
b) [Adj. signifiant « identité »] Même que. Il habite le même immeuble que moi; il a la même voiture que moi. Son visage était le même que quand je le vis pour la dernière fois, et pourtant, combien il était différent! (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 433).
c) [Adj. ou adv. d'altérité] Autre, autrement, autre part, ailleurs que. Elle ne pouvait pas s'appeler autrement que Manon (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 841):
8. Pas d'autres livres que des dictionnaires. Rien ne doit distraire ou charmer. Rien ne doit y sauver de l'ennui, que le travail.
GIDE, Journal, Feuillets, 1893, p. 49.
d) [Adv. compar. de sens quantitatif] Plus, moins, aussi, autant, plutôt, davantage que... À la table des Richard s'asseyaient deux pensionnaires; l'un un peu plus âgé que moi, l'autre d'un ou deux ans plus jeune (GIDE, Si le grain, 1924, p. 481).
e) [Compar. synthétiques] Meilleur, mieux, pire, pis, moindre que... Ils sont meilleurs qu'ils ne paraissent (CAMUS, Peste, 1947, p. 1319).
Rem. [Que haplologique] Je ne demande pas mieux qu'il réussisse (LE BIDOIS 1967). Dans une telle phrase que représente à la fois la conj. de sub. et le que compar.
2. Ne ... que (valeur exceptive ou restrictive). Ne ... rien d'autre que, seulement.Puisqu'il ne voulait pas répondre par des préjugés, il ne pouvait qu'approuver(MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 220).
Ne ... que + subst. ou pron. La vie de cet homme étrange, qui ne fut qu'une lutte forcenée, terminée par une mort amère, qu'eût-elle été si, de ce coup la ruse déjouée, il se fût abandonné sans effort à la miséricorde s'il eût appelé au secours? (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 147). Pendant plusieurs minutes, je ne pensai qu'à cela; puis un autre sentiment se fit jour en moi (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 237).
P. ell. Mme Ratinois, bas: Combien (de dot)? Ratinois, bas: Cent mille. MmeRatinois, à part: Que ça! (LABICHE, Poudre aux yeux, 1861, II, 6, p. 366).
Ne fût-ce que... Même si ce n'était que. Voilà donc que mes hommes avaient besoin de temps, ne fût-ce que pour comprendre un arbre (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 544).
Pop., région.
J'arrive que. J'arrive seulement. Voir M. AAZ, 1er sept. 1935 ds DAM.-PICH. t. 6 1940, § 2281.
Attendez que. Attendez seulement:
9. Il y a aussi l'autre M. l'Abbé, celui de Paris, qui est pour quelques jours ici. Il ne vous refusera pas. Attendez que, pauvre.
MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 315.
C. Conj. ou adv. exclam.
1. [Suivi d'un verbe au subj., exprimant le souhait, l'indignation, la surprise] Que la paix, la nourriture et la bénédiction soient au peuple qui travaille! (CLAUDEL,Repos 7e jour, 1901, III, p. 859). Qu'il boive beaucoup (CAMUS, Peste, 1947, p. 1231):
10. Votre visage, je vous demande votre visage. Que je voie votre visage aux yeux fermés, sous le mien, comme un autre monde.
MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 467.
a) Que + phrase attributive. Oh! que la suite des temps est lente. Quels longs efforts pour déplacer! Comme l'on se repose entre luttes! (GIDE, Journal, Feuillets, 1896, p. 104). Qu'il est beau! (GIRAUDOUX, Intermezzo, 1933, II, 7, p. 143). Qu'il est fidèle! (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 202).
Que + autre phrase. Que je voudrais l'avoir connu! (GIDE, Si le grain, 1924, p. 415). Ah! qu'il avait peur d'arriver trop tard! (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 156).
Familier
Ce qu'il est beau! Ce qu'avec trois mots je le ferais taire! (COLETTE, Blé en herbe, 1923, p. 315).
Qu'est-ce qu'il est beau! Alors, qu'est-ce qu'ils se payent notre gueule, les Fritz, depuis deux ans! (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 523).
b) Que + interr. ou exclam. nég. Pourquoi. Pour resserrer les nœuds de cette chaste famille, que ne donne-t-on en mariage le frère à la sœur et la sœur au frère? (CHATEAUBR., Fragm. Génie, 1800, p. 165). Que ne suis-je déjà au lieu de mon repos! (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 389). « Ah, pensait le plus jeune, que n'ai-je auprès de moi mon chien aux dents fraîches, pour lui faire un licol de mes bras!... » (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 576). Qu'allons-nous visiter sa cellule! Elle est vide (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 187).
c) Pop. Comment que...! Il y a vingt ans, un type qui se serait conduit comme ça, et comment qu'elle l'aurait laissé tomber! (M. BERNARD, La nouvelle Nouvelle Revue française, 1956, p. 219 ds A. HENRY, Ét. de synt. expressive, Univ. de Bruxelles, 2e éd., 1977, p. 148).
3. [Renforçant oui, non, si] Qui s'entr'écoute? Les contradicteurs? Que non pas(GIDE, Journal, Feuillets, 1896, p. 104). Et tout cela était-il particulier à Paris? Que non (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 831).
II. Empl. pronom. Pronom non prédicatif, marque le genre de l'inanimé et assume toutes les fonctions régimes du substantif.
A. Que, pron. interr.
1. [En interr. dir.]
a) [Ordre verbe-suj.]
[Que, obj. dir.] Que veux-tu? Que fais-tu? (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922,I, 6, p. 39).
[Que alterne avec quoi lorsque le verbe est à l'inf.] Que dire? Que penser? Que dire? Bunuelo avait disparu (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 506).
[Que, compl. indiquant le prix, le poids, la durée] Que coûte ce terrain? Que pèse ce colis? Que dure la traversée?
[Que, attribut] Qu'est cela? Elle ne savait pas. C'était peut-être le vent, plutôt la chaleur (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 419).
[Que, « sujet réel » d'un verbe impers.] Qu'est-il arrivé? « Je suis le pasteur Gregory. Qu'arrive-t-il?... » (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 610).
[Dans le tour figé qu'importe? (sans il impers.)] Qu'importe, maintenant! (MARTIN DU G., Thib. Épil., 1940, p. 903).
b) Qu'est-ce que. Qu'est-ce que cela coûte?
[Compl. d'obj. dir.] Qu'est-ce que vous faites? Qu'est-ce qu'ils fichent, les Russes? Qu'est-ce qu'ils fichent, les Français? (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 561):
11. Il se met devant moi. Je balbutie: Qu'est-ce... qu'est-ce que vous me voulez? Il ne répond rien, mais emboîte le pas à ma gauche. Je gardais, tout en marchant, les yeux fichés en terre...
GIDE, Si le grain, 1924, p. 408.
[« Sujet réel » d'un verbe impers.] Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce qu'il en reste?(MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 903).
Rem. Que est toujours conjoint au verbe, excepté dans l'expr. que diable! ou une expr. voisine: Le Papillon: Attends un peu, que diantre! Il n'est jamais trop tard pour retourner chez soi (A. DAUDET, Pt Chose, 1868, p. 234). Que diable manigançais-tu là-haut? (ARÈNE, Paris ingénu, 1882, p. 258).
2. [En interr. indir.]
a) [Régime dir., précédé de ce] Ce que. Il dit ce qu'il pense. En toute conscience, mon cher abbé, je vous dirai ce que j'ai répondu hier à Antoine (MARTIN DU G.,Thib., Pénitenc., 1922, p. 730).
b) [Constr. avec l'inf., en concurrence avec quoi] Il ne sait que dire. Il ne savait que dire (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 640).
c) Fam. ou pop. [Empl. avec est-ce que] Antoine: Ah! Cristina: Je veux vous demander qu'est-ce que vous en pensez. Antoine: Oui, Madame. Jules paraît à droite et lui fait signe. Une seconde, Madame. (à Jules.) Qu'est-ce que c'est?(BOURDET, Sexe faible, 1931, III, p. 408). Maman (...) vous savez qu'est-ce qu'elle fait? (...) Ne dis pas; qu'est-ce qu'elle fait (...) ce qu'elle fait (MAUROIS, Cercle de famille, 1932, III, XVI ds ROB.).
3. Pop. [Reprend un mot interr.; assume seulement la fonction suspensive de la valeur de vérité, le mot interr. spécifiant de son côté la fonction gramm. de la variable que la réponse est appelée à saturer] Pourquoi que je te fixe comme ça? Et toi? Pourquoi que tu ne peux pas soutenir mon regard? (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 227).
C'est que. Quoi c'est qu'on bouffe? (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 15). Non, je veux dire un restaurant où c'est qu'il y avait l'air d'avoir une bien bonne petite cuisine bourgeoise (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 485). Où c'est que vous êtes malades? (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 107).
C'que, sque. Chaq' manifacture est eun' ruche Où-c'-que l'emp'reur, d'l'avis du ciel, Veut que l'commerce aill' fair' son miel (Compliment des dames et des forts de la Halle, 1810 ds Hist. Fr. par chans., p. 41). Croquebol reprit: Ça se peut bien, mais enfin ça n'est pas tout ça, faut voir à raisonner un peu; quéq'tu veux qu'nous allions au claque, nous savons même pas ousque c'est! (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 2e part., 3, p. 115). N'allons pas gêner leur stratégie. Retournons d'ousque nous sommes venus. Compagnie, demi-tour, pas de course, arche!(GHELDERODE, Pantagleize, 1934, III, 8, p. 115).
Que c'est que. Pourquoi qu'c'est qu'ils m'attendent? (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 11).
B. Que, pron. rel. avec antécédent
1. [Que a pour antécédent]
a) [Un animé] L'enfant que tu as vu. Cet ami que tu rencontres et qui porte en lui son enfant malade (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 548).
b) [Un inanimé] Le livre que tu as vu. Grand, à la surprise du docteur, commanda un alcool qu'il but d'un trait (CAMUS, Peste, 1947, p. 1300).
c) [Un neutre] Ce que tu dis. Voilà ce que doit vouloir de nous tout bon critique(MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 156).
Rem. ,,À la différence de que en emploi interrogatif, il peut être disjoint du verbe de sa proposition, mais et c'est en cela que se manifeste sa non-prédicativité il se disjoint malaisément de son antécédent`` (G. MOIGNET, Le Système du paradigme qui/que/quoi ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 n o 1 1967, p. 90): C'est une des choses les plus émouvantes qu'il y ait sur la terre (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 530).
d) [Un adj. attribut] Les oies et les canards, charmés qu'ils sont, s'approchent pour le mieux considérer (CHATEAUBR., Voy. Amér. et Ital., t. 1, 1827, p. 134).
2. [Que a pour fonction]
a) [attribut] L'homme qu'il est. Le vieillard que je suis devenu a peine à se représenter le furieux malade que j'étais naguère (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 14).
b) [compl. d'obj. dir.] L'homme qu'il voit. Tout cheval qu'il voit, il a envie de le monter (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 413).
c) [compl. circ.] Un jour qu'elle était souffrante (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 322). La dernière fois qu'elle s'était assise là, sur ce même canapé, auprès d'Antoine (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1351).
[Dans des tournures présentatives d'une indication de durée]
Il y a ... que. Il y a cinq ans qu'il ne plaide plus, qu'il ne peut plus plaider(MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 185).
Cela fait ... que. Cela fait bientôt neuf mois qu'il est là-bas (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 676).
Voici/voilà ... que. Voilà trente-six heures que le filtre rénal ne donne plus! tu comprends? (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1274).
d) [Que est empl. comme suj. (en fait un anc. « sujet réel ») dans un certain nombre de loc.] Coûte que coûte (v. coûter), vaille que vaille, arrive que pourra.
Advienne que pourra. Parce qu'une petite fille qui fait aujourd'hui l'entêtée a pris peur, et nous a livrés pieds et poings liés, advienne que pourra! (BERNANOS,Soleil Satan, 1926, p. 79).
3. C'est ... que. [Tournure présentative: c'est l'antécédent qui assure la fonction gramm. régime, que étant un simple subordonnant]
a) [Régime dir.] C'est la personne que j'ai rencontrée. La taille directe sur le tas,c'est-à-dire sur le chantier de construction sera toujours meilleure que celle faite à l'atelier. C'est celle que les anciens ont pratiquée sur les chantiers d'Autun, de Chartres ou de Vézelay (Arts et litt., 1935, p. 22-1).
b) [Régime indir.] C'est à cette personne que j'ai parlé. C'est à cette classe que se rapportent, si on les déclare nécessaires, l'idée innée cartésienne, l'illumination, la purgation, les dispositions morales, l'exemple des autres, l'enseignement social, etc. (Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 860).
c) [Régime circ.] C'est pour cela que je suis parti. C'est pour éviter cette monotonie née de rapprochements trop fréquents d'ombres identiques que les peintres les plus attachés aux contrastes de tons, comme Rembrandt ou Daumier, ont eu recours au contraste chaud-froid, qui est l'équivalent sur un autre plan du contraste clair-sombre, chaque fois que deux ombres d'égale intensité se trouvaient trop voisines (Arts et litt., 1935, p. 30-9). C'est hier que je parlais. C'est en 1893 que Victor Maurel, tragédien lyrique, a établi les trois qualités de la voix: la hauteur, l'intensité, le timbre (Arts et litt., 1935, p. 36-8).
a) [Relatif « universel »: que se substitue à qui, dont, auquel, etc.] C'est toi que j'ai besoin. C'est moi que je lui piquais ses épingles (LABICHE, Station Champb., 1862,II, 1, p. 264). Moi, j' m'en aperçois bien!... sans parler qu'il est raide comme la justice, c'est moi que je lui mets son papier Fayard, qu'on dirait un vieux mur couvert d'affiches... et c' qu'il est maigre! (GYP, Souv. pte fille, 1927, p. 223).
b) [Relatif « décumulé »: que assure seulement la fonction de subordination (la fonction gramm., dans la relative, est marquée par ailleurs)] Té, Maurin, toi que tu as le temps, reste ici à l'espère jusqu'à ce que tu me l'aies tué (J. AICARD, Maurin des Maures, XXI, p. 18 ds DAM.-PICH. t. 4 1969, § 1322).
Prononc. et Orth.: [k()]. Élision devant voy. et h muet. Att. ds Ac. dep. 1694.Étymol. et Hist. . Que conj. I. Introd. une prop. sub. A. Une prop. circ. 1. cond. restrictive a) 842 loc. in o quid « à condition que » suivi du subj. [quid a pour antécédent le pron. dém. neutre o précédé de la prép. in] (Serments de Strasbourgds HENRY Chrestomathie, 1, 6: si salvarai eo cist meon fradre Karlo et in aiudha et in cadhuna cosa [...] in o quid il mi altresi fazet); ca 1100 mais que « à condition que, pourvu que » id., v. mais II C; b) 1245 que « id. » suivi du subj. (HUON LE ROI, Regrès N.-D., 223 ds T.-L. t. 8, 33, 47), v. aussi condition (à), pourvu que...; 2. compar.a) que empl. avec le subj. 881 melz ... que, que fonctionne à la fois comme corrélatif de l'adv. compar. et comme conj. introduisant la complétive (Ste Eulalie ds HENRYChrestomathie, 2, 17: Melz sostendreiet les empedementz Qu'elle perdesse sa virginitet; v. G. MOIGNET, Gramm. a. fr., p. 242); b) que empl. avec l'ind. ca 1100 la régissante est positive, l'ind. est précédé de ne : plus ... que ne (Roland, éd. J. Bédier, 890: Plus curt a piet que ne fait un cheval); id. greignor ... que ... ne; mielz ... que ne (ibid., 978, 1725); empl. de que suivant la particule négative ne pour constituer la loc. restrictive ne ... que, v. ne III; v. aussi ainsi, autant, autre, même, mieux, moins, mieux que...; 3. finale, le verbe de la sub. est au mode subj. 881 (Ste Eulalie, 27: Tuit oram que por nos deignet preier Qued auuisset de nos Christus mercit); 937-952 (Jonas, éd. G. de Poerck, 146: preparavit Dominus un edre sore sen cheve qet umbre li fesist), cf. por ce que, por que, pour; 4. consécutive a) ) le verbe est au mode ind., la conséquence est posée comme un fait affirmé 937-952 queest annoncé par tant dans la régissante (Jonas, 187: tant laveint offendut qe tost le volebat delir e inde la civitate volebat comburir); fin Xe s. si ... que (Passion, 127; 192); ca 1100 tel ... que (Roland, 722); id. sans terme d'appel dans la régissante (ibid., 549: Soürs est Carles, que nuls home ne crent); ) le verbe est au mode subj.id. si ... que la régissante est négative (ibid., 1993); 1130-40 tel ... que la régissante est interr. (WACE, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 490); fin XIIIe s. [ms.] sans terme d'appel (HENRI DE VALENCIENNES, Henri de Constantinople, éd. J. Longnon, 501, p. 27, var.); b) exprime la conséquence d'un fait formulé sous la forme d'une interr., d'une exclam. ou d'une affirmation 1130-40 (WACE, Conception N.-D., 252: Ai mesfait en nulle maniere Que m'ofrende seit mise ariere?); 5. causale; le verbe de la sub. est au mode ind. 2e moit. Xe s. (St Léger, éd. J. Linskill, 166: Super lis piez ne pod ester, Que toz los at il condemnets); fin Xe s. (Passion, 404: No's neient ci per que crement, Que Jesum Crist ben requeret), la prop. explicative ainsi construite est à peine une sub. : que pourrait être considéré comme une ligature coordonnante et se traduire par car (G. MOIGNET, op. cit., p. 237); v. aussi parce que, puisque...; 6.exclusive, exceptive a) apr. une régissante positive ca 1050 le mode de la sub. est l'ind. (St Alexis, éd. Chr. Storey, 93: Larges almones, que gens de l'en remest Dunet as povres); b) apr. une régissante négative ca 1100 mode subj. (Roland, 759: Ne n'i perdrat [Carles] ne runcin ne sumer Que as espees ne seit einz eslegiet; 982; 2401); v. aussi moins (à), sans que...; 7. que introd. le second élém. d'un système temporel à deux membres solidaires; ce second membre exprime l'incidence d'un fait instantané par rapport à un procès en voie d'achèvement. Le caractère inachevé du 1er procès s'exprime par un verbe négatif ca 1100 (Roland, 84: Ja einz ne verrat passer cest premer meis Que jel sivrai od mil de mes fedeilz; 694); 8. hypothétique; le mode de la sub. est le subj. ca 1150 que équivaut à se [+ subj. imp.] (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 3879: Que fust seur aux la force moie, Mout volentiers m'en vengeroie!); si+ ind., suivi d'une seconde prop. introd. par que + subj., v. infra I B; v. aussisupposer (à) que; 9. que entre dans la compos. de conj. et de loc. conj. introduisant des concess., v. alors, bien, malgré, où que... B. Dans le cas de deux sub. circ. (notamment temp. ou hyp.) juxtaposées ou coordonnées, que s'emploie pour reprendre une autre conj. de subordination a) ca 1050 deux temp. quant ... que (St Alexis, 167: Quant tut sun sun quor en ad si afermet, Que ja, sum voil, n'istrat de la citied); fin XIIe s. quant ... et que (Homélies sur Ezéchiel, 10, 7 ds T.-L. t. 8, 35, 28); b) 1160-74 deux hyp. se [+ ind.] ... e que [+ subj.], car il s'agit en réalité de la conséquence de l'hyp. (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 8918: E se Deu le velt consentir, E que a lui vienge a plaisir...). C. Introd. une prop. complétive 1. Le verbe de la régissante implique une virtualité qui se traduit par le mode subj. empl. dans la sub. a) ) le verbe de la régissante exprime le commandement, la prière ca 881 (Ste Eulalie, 14: Il li enortet ... Qued elle fuiet lo nom christiien; 26: Tuit oram que por nos degnet preier); 937-952 (Jonas, 212: poscite li qe remissionem ... peccatorum ... nos praebeat); ) la défense ca 1100 (Roland, 2438); ) apr. un verbe exprimant le commandement, que peut introduire le style direct 1176-81 un impér. (CHRÉTIEN DE TROYES, Lion, éd. M. Roques, 365: Or te pri ... que tu me consoille); un inf. avec négation, ayant valeur d'impér. ca 1180 (Fierabras, éd. G. Servois, 1587: ... te prique ci ne me laissier); b) le conseil ca 881 (Ste Eulalie, 6: Elle no'nt eskoltet les mals conselliers Qu'elle Deo raneiet [le verbe conseiller est inclus dans le subst.]); c) la volonté [937-952 Jonas, 197: liberi de cel peril qet il habebat discretum (var. decretum) qe super els mettrait (cond.)] ca 1050 (St Alexis, 249: Co ne volt il que sa mere le sacet); d) la convenance 2e moit. Xe s. (St Léger, 6: ... si est biens Quae nos cantumps de sant Lethgier [id.]); e) la crainte ca 1050 (St Alexis, 60; 199); f) apr. les verbes factitifs (notions de « faire, permettre, empêcher ») ca 1050 (ibid., 370; 488); 2. le verbe de la régissante implique une actualisation (verbes de perception, d'énonciation, de connaissance) a) le mode de la sub. est l'ind. ) 937-952 (Jonas, 172: co videbat ... qe ... si astreient li Judei perdut; 194); fin Xe s. (Passion, 34), v.voici, voilà que; ) id. (ibid., 364: A toz diran que revisquet); apr. un verbe d'énonciation, que introduisant le style direct, précède les particules oïl, non 1160-74 (WACE, Rou, II, 379: Et Regnier dist que non); ca 1170 (Rois, III, II, 13, p. 114: Cil respundi Que oïl); ) ca 1050 (St Alexis, 279: Or set il bien qued il s'en deit aler); avec ell. du verbe d'énonciation, introd. le titre d'un traité, d'un chapitre d'une œuvre litt. 1580 (MONTAIGNE, Essais, II, XV, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 612 : Quenostre desir s'accroit par la malaisance [titre]); b) le mode de la sub. peut, avec ces mêmes verbes, être le subj. quand le verbe régissant ) exprime une hyp. ca 1050 (St Alexis, 495: Il nem faldrat s'il veit que jo lui serve); ) est négatif ca 1100 (Roland, 448); 3. le verbe régissant exprime une opinion, une appréciation a) opinion ) fin Xes. le mode de la complétive est le subj. (Passion, 438: Il li non credent que aia carn; 440); ) id. l'ind., amené par l'empl. de la 1re pers. de l'ind. du verbe régissant (ibid., 343: E ço m'est vis que ço est l'ume Deu); b) appréciation ) id. l'appréciation portant sur un fait établi (ibid., 440: Co'st grant merveile que pietet ne t'en prist); ca 1100 le verbe unissant l'attribut à la complétive qui fait fonction de suj., est s.-ent. (Roland, 716: Deus! quel dulur que li Franceis nel sevent); ) ca 1165 subj., l'appréciation portant sur une éventualité (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 16237). II.Introd. une prop. indép. ou princ. au subj. Il semble qu'il y a ell. d'un verbe régissant « je demande, je souhaite, j'ordonne » a) optative ) subj. prés.; expression d'un souhait fin Xe s. (Passion, 200: Que de nos aiet pïeted!); ) imp. du subj., expression d'un regret fin XIIe s. (Prise d'Orange, éd. Cl. Regnier, 467 [réd. AB]: Que pleüst Deu, ... Que ci fust ore le palazin Bertran; v. note, p. 131); b) jussive 1174-76 (GUERNES DE PONT STE-MAXENCE, op. cit., 4802). III. Explétif. Dans une interr., que peut être intercalé entre le mot interr. et le verbe 1. XIIIe s. [ms.] (2e contin. de Perceval, éd. W. Roach, 31168, leçon ms. P: Que je ne soi que il devindrent Ne quelle voie que il tinrent); 2. XIIIe s. que si équivalent à si exprimant une hyp.; empl. dans le style jur., le style soutenu (Livre de Jean d'Ibelin ds Assises de Jérusalem, éd. J. Beugnot, t. 1, p. 76).
Que interr. Pron. rel. du genre inanimé I. Interr. indir. 1. a) 2e moit. Xe s. en fonction d'attribut du suj. (St Léger, éd. J. Linskill, 156: Ne soth ... qu'es devenguz);b) 1230-35 élément d'un interr. comp. (Mort le Roi Artu, éd. J. Frappier, § 14, 13, p. 10: savez vos que ce est que vos m'avez otroie?); 2. a) ca 1050 en fonction de régime dir. (St Alexis, éd. Chr. Storey, 270: ... ne sevent que funt); ca 1100 (Roland, 460; 1982); dans la lang. mod., l'interr. indir. est devenue rel., que ayant été remplacé par ce que; b) le verbe de l'interr. introduite par que est l'inf., le verbe de la régissante étant le plus souvent négatif et impliquant interr., délibération (avoir, savoir, laisser...), cf. que rel. II A 3 ca 1100 (Roland, 2123: Or ad li quens ... asezque faire); ca 1170 (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1604; N'ai que faire de cel latin); fin XIIe s. (Raoul de Cambrai, éd. P. Meyer et A. Longnon, 1172: ne saiqe penser); 3. en fonction de suj. ca 1170 agn. (Rois, II, 34-35, p. 96: ne me aperceif pru que est dulz e que amer). II. Interr. dir. 1. en fonction de régime dir. finXe s. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 83: Que m'en darez e'l vos tradrai?); ca1050 (St Alexis, 501); 2. de compl. de propos fin Xe s. (Passion, 497: Lui queaiude?); ca 1170 (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 3725: Moi que chaut?; 4391: A vos que tient?); 3. d'attribut du suj. a) ca 1050 (St Alexis, 107: ... qu'est devenut?); b) élém. d'un interr. comp. marquant l'insistance et constituant l'origine de la forme mod. qu'est-ce que; ce antécédent de la rel. figure comme suj. de est, quecomme attribut 1174-77 (Renart, éd. M. Roques, 6955: Renart, frere, que ce puet estre?); ca 1179 (ibid., 2076: Ce que est ore que vos dites?); 1230-35 (Mort le roi Artu, éd. J. Frappier, 52, 22, p. 62: que est ce que vos dites?); 4. de suj. 1re moit.XIIe s. agn. (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, CXIII, 5: Que est a tei...? [quid est tibi]).
Que adv. I. Interr. 1. Phrase positive « pourquoi » a) fin Xe s. interr. dir. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 183: Maior forsfait que i querem?); 1re moit. XIIe s. (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, CXIII, 5: que tu ies convertiz ariere? [quia (« pourquoi ») conversus es retrorsum?]); b) ca 1135 interr. indir. (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, 1501); 2. ca 1050 phrase négative ; exprime un regret « pourquoi ne ... pas? » (St Alexis, 419; 438: E de ta medra que n'aveies mercit?) II.Exclam. ca 1165 « combien » (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 844: ...que m'ont traï Li marceant de pute orine...!); fin XIIIe s. [ms.] (GAUTIER D'ARRAS, Ille et Galeron, éd. A. G. Cowper, 2465, var. P: Caitive riens, que Dix le het!).
Que conj. représente la conj. lat. quia, qui, dans la lang. class. exprime la cause, fréq. en corrélation avec eo, hoc, ob id ... Dans la lang. vulg., quia assume peu à peu d'autres empl., prenant la première place parmi les conj. complétives. Dès Plaute,quia concurrence quod pour introduire une prop. constituant le suj. ou le compl. du verbe principal « ce fait que; à savoir que » (PLAUTE, Mil., 1210: istuc mihi acerbumst quia...; Stich., 506 ds Lat. Gramm. Synt. und Stil., § 316c: mi volup est ... quia). Quia est empl. en concurrence avec quod pour introduire une complétive apr. les verbes d'opinion, d'affirmation et de sentiment [quod ayant alterné avec la prop. infinitive], dep. Pétrone, 46, 4: dixi quia (A. STEFENELLI, die Volksprache im Werk des Petron, Stuttgart, 1962, pp. 100-102); il est fréq. dans cet empl. dans les trad. du gr., chez les auteurs chrét. (v. J. HERMAN, La Formation du système roman des conj. de subordination, Berlin, 1963, pp. 37-40). De même à la faveur des trad. bibliques, quia s'emploie en concurrence avec quod pour introduire le discours direct (cf. la conj. gr. ), v. Lat. Gramm., id., § 312a, ;LERCH t. 1, p. 143. D'autre part, à basse époque, quia s'affaiblit progressivement enqua devant consonne init. et qui devant voyelle; ces deux formes s'étant par la suite, empl. indistinctement, qua se localisa notamment en Italie du Nord et du Sud, et quien Italie centrale, dans le domaine ibéro-roman et dans le domaine gallo-rom. où il est relevé au VIIIe s. sous la forme que. Cette forme favorise sa confusion avec le rel.quem, cas régime (que rel.) et la conj. quam, spéc. dans son empl. en corrélation avec un compar. (IXe s.), v. FEW t. 2, 1466ab et J. HERMAN, op. cit., pp. 125-129.
Que pron. interr. est issu du lat. quid « quelque chose, quoi », nomin. et acc. neutre sing. du pron. interr. quis en position atone (cf. quoi*). Que est du genre inan. et du cas régime; il ne fonctionne comme suj. que dans certains dial., notamment l'agn. et le pic., cf. que3 en fonction de suj. masc. fém.; v. G. MOIGNET, Gramm. a. fr., 1973, p. 170.
Que adv. représente l'empl. adv. du pron. interr. que. Cf. le pron. interr. neutre lat.quid pris à l'empl. adv. « pourquoi » dans la lang. class. Fréq. abs. littér.: 1 570 612. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 2 287 743, b) 1 971 207; XXe s.: a) 2 181 841, b) 2 359 176. Bbg. ANTOINE (G.). La Coordination en fr. Paris, 1962, pp. 371-373, 439-443, 1185-1186. BEMENT (N. S.). The early history of Fr. pour que. Rom. Philol.1955/56, t. 9, pp. 429-435. BERTHELON (Ch.). L'Expr. du plus haut degré en fr. contemp. Berne, 1955, pp. 21-26, 41-42, 117-119. BONNARD (H.). Que de que!Fr. Monde. 1968, n o 59, pp. 13-18; Le Syst. des pron. qui, que, quoi en fr. Fr. mod. 1961, t. 29, pp. 168-182, 241-251. BOONE (A.). La Synt. des phrases complexes comportant une complétive introd. par que. Thèse, Gand, 1976. BUREAU (C.). Synt. fonctionnelle du fr. Québec, 1978, p. 104; pp. 107-112, 148-149. CALAN (E. de). Ét. sur le rel. fr. Linguistique. Paris. 1972, t. 8, n o 2, pp. 137-143. CURRIE (M.). 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