by Corry Shores
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[If we look historically at the Stoics and Epicureans, we see that before and after them are philosophical views interested in grounding being in the intellectual and incorporeal, while the Stoics and Epicureans emphasize the reality of physical bodies that act and undergo action.]
Un trait caractéristique des philosophies qui ont pris naissance après celle d’Aristote, est d'avoir rejeté, pour l'explication des êtres, toute cause intelligible et incorporelle. Platon et Aristote avaient cherché le principe des choses dans des êtres intellectuels; leurs théories dérivaient, à ce point de vue, et de la doctrine socratique des concepts, et des philosophies qui comme celles de Pythagore et d’Anaxagore avaient mis le principe des choses dans des éléments pénétrables à la pensée claire. C'est au contraire dans les corps que les Stoïciens et les Epicuriens veulent voir les seules réalités, ce qui agit et ce qui pâtit. Par une espèce de rythme, leur physique reproduit celle des physiciens antérieurs à Socrate, tandis qu’après eux, à Alexandrie, renaîtra l’idéalisme platonicien, qui expulse tout autre mode d'activité que celle d'un être intelligible.(1)
[From the historical context of the philosophical usage of the term “incorporeal”, we see that the Stoics deserve credit for giving the term currency, as it was used sparsely before them and more frequently after them.]
Pour trouver les raisons de cette évolution du platonisme au stoïcisme, il serait intéressant, nous semble-t-il, de chercher quelle place garde, dans ce système, l’idée de l’incorporel. Ce mot désigne chez les Stoïciens, d’après Sextus1, les chosés suivantes : l’ « exprimable » (λεκτόν), le vide, le lieu, le temps. Le mot même d’incorporel avait été peu employé dans les doctrines précédentes. Platon ne s’en sert presque jamais pour indiquer les Idées ; on le trouve par deux fois lorsqu’il veut opposer sa théorie à celle d’Antisthènes qui n’admettait, lui aussi, que l’existence des corps2. On le trouve encore pour désigner une idée empruntée au pythagorisme, celle de l’harmonie entre des êtres, soit dans le Philèbe l’harmonie des parties du bien, soit dans le Phédon l’harmonie entre des parties du corps, qui d’après les | Pythagoriciens constitue l’âme1. Aristote emploie le mot, non pas pour désigner son Dieu séparé, mais pour caractériser l’idée du lieu, dans une théorie qu’il n’accepte d’ailleurs pas2. Au contraire les Alexandrins l’emploieront habituellement pour désigner les êtres qui dépassent le monde sensible. Ce sont donc les Stoïciens qui paraissent avoir introduit l’expression dans le langage courant de la philosophie, bien qu’ensuite l’on dût s’en servir surtout pour combattre leurs idées. D’après l’usage qu’en fait Platon, il n’est pas impossible que ce mot vienne d’Antisthènes, qui, avant les Stoïciens, aurait rejeté, dans les incorporels, les non-être comme le lieu ou le temps.1. Sext. Adv. Math. X 218 (S. V. F. d’Arnim II, 117, 20).2. Plat. Soph. 246b ; Polit. 286 a.__1. Phédon 85 e ; Philèbe 64 b.2. Phys. IV, 1, 10.3. Nous n’avons à citer aucune etude d’ensemble sur les incorporels. Pour l’ « exprimable » et la logique, voyez Prantl Geschichte der Logik im Abendl. Brochard, sur la Logique des Stoïciens (Arch. f. Gesch. der Phil. 1892, vol. V nº 4); Hamelin, sur la Logique des Stoïciens (Année philosophique, 12e année, 1902, p. 13).Les fragments des anciens Stoïciens ont été rassemblés par Arnim (Stoïcorum Vet. Fragm. vol. I Lipsiæ 1905 ; vol. II (Logique et physique de Chrysippe), 1903, vol III, 1903. Nous reverrons à cette édition.(1-2)
C’est bien là, en effet, le sens général de la théorie des Stoïciens sur les incorporels ; identifiant l’être avec le corps, ils sont cependant forcés d’admettre, sinon comme des existences, au moins comme des choses définies l’espace et le temps. C’est pour ces néants d’existence qu’ils ont créé la catégorie de l’incorporel3. Les sources que nous aùrons à utiliser dans cette étude, en dehors des compilateurs ou doxographes (Stobée, Diogène Laërce, Aétius), viennent surtout des contradicteurs des Stoïciens : les académiciens et les sceptiques (Cicéron dans les Académiques et Sextus), les commentateurs d’Aristote (Ammonius, Alexandre d’Aphrodise, Simplicius) et les Platoniciens (Plutarque, Némésius, Proclus). Par leur nature, elles ne contiennent en général que des indications fort brèves sur les doctrines, et nous aurons parfois bien de la peine à comprendre, et à compléter les renseignements qu’elles nous donnent.3. Nous n’avons à citer aucune etude d’ensemble sur les incorporels. Pour l’ « exprimable » et la logique, voyez Prantl Geschichte der Logik im Abendl. Brochard, sur la Logique des Stoïciens (Arch. f. Gesch. der Phil. 1892, vol. V nº 4); Hamelin, sur la Logique des Stoïciens (Année philosophique, 12e année, 1902, p. 13).Les fragments des anciens Stoïciens ont été rassemblés par Arnim (Stoïcorum Vet. Fragm. vol. I Lipsiæ 1905 ; vol. II (Logique et physique de Chrysippe), 1903, vol III, 1903. Nous reverrons à cette édition.(2)
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