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9 Nov 2012

Crazy Diagonals in Chaim Soutine


by Corry Shores
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[May I thank the image sources. Credits given below.
John Asherbery at This Recording

Crazy Diagonals in Chaim Soutine


In Gilles Deleuze's class of 24-11-1981 (part 2), he draws a parallel between Worringer's northern line and the diagonals in German expressionist cinema. Recall that the northern line is not the organic line of antiquity. It in a sense is constantly departing from its own given direction. For this reason, there is intensive motion at every point, because there is simultaneously both the direction it was just going and the direction it is now going. We might also think of the intensive motion of a northern line as something like the diagonal between the two, or like the diagonal tangent on a curve that tells us not where the curve actually goes but where it virtually goes at that place, where it wants or tends to go. Deleuze here makes the interesting point that however the diagonal line of intensive motion is not the opposition between lines. Rather it is more like the line choosing a different direction altogether. So the new variation of the line is not thought of as the synthesis of two opposing forces but more as an original change in direction, one that is not in defiance of its prior tendencies but rather is in complete independence to them. [see again the Worringer entry, the part on the erratic line] Deleuze refers specifically to Chaim Soutine's diagonals in cities gone mad. Here are some possible examples.
 

  Chaim Soutine. The Old Mill

 
 

Chaim Soutine. View of Ceret

(Thanks John Asherbery at This Recording)


Chaim Soutine. Landscape with Figures

(Thanks Hels at Art and Architecture, mainly)

Chaim Soutine. Landscape with Church Tower (Saint-Pierre’s Church in Céret)

 
 

Chaim Soutine [no title given]



From the course transcription by Claire Pano [we have regarded her ‘VÖHRINGER’ as ‘Worringer’. Here is audio of Deleuze saying the name: Worringer or VÖHRINGER 1981.11.24 pt2 17.33 gallica by C.Shores Blog Audio Cache

]

 

Je dirai le premier pôle de l’image expressionniste ou du montage expressioniste, ça va être la vie non-organique des choses. Et encore une fois, la vie non-organique des choses renvoie au facteur intensif du mouvement dans l’espace en tant que ce facteur intensif, n’existe que par sa relation indécomposable avec un état de la matière égale zéro. C’est pas difficile tout ça, ça s’enchaîne très bien. Ah oui bon, ah ben ça c’est très connu tout ça. C’est très connu et je et dans VÖHRINGER l’esthéticien qui invente le mot expressionnisme et qui va l’appliquer tour à tour à toutes sortes de choses mais qui va finir par l’appliquer au cinéma. Comment il le définit lui le baptiseur ? il faut bien puisque c’est lui qui invente, qui se sert du mot. Et ben c’est très curieux, dans tous les textes de VÖHRINGER, il y a quelque chose qu’il ne perd pas de vue enfin dans les plus beaux textes. Il nous dit « La ligne expressionniste c’est la ligne qui exprime une vie non organique ». C’est à la fois du non organique et pourtant c’est du vivant. Et il oppose la ligne expressionniste ou non organique, la ligne vitale non organique, il l’oppose à la ligne organique de l’harmonie classique.

Quel hommage à EISENSTEIN, l’harmonie classique. C’est le grand classique du cinéma EISENSTEIN. Et comment il définit la ligne non-organique ? La ligne organique ce sera le cercle ou la spirale. Et la ligne non organique ? Ah celle-là elle est violente, dit VOHRINGER, c’est la ligne violente. Qu’est-ce que c’est que la ligne violente ? C’est la ligne qui ne cesse pas de changer de direction ou bien la ligne qui se perd en elle-même comme dans un marais. Il dit pas ça, il dit presque ça, hein il dit « comme dans du sable » c’est pareil, du sable mouillé quoi. La ligne qui ne cesse pas de changer de direction c’est ce qu’il appelait et la première forme d’art expressionnisme, selon VÖHRINGER, c’est l’art gothique. C’est l’art gothique avec sa ligne perpétuellement brisée, qui ne cesse de changer de direction. Qui s’oppose perpétuellement à un obstacle pour reprendre force en changeant de direction. Ça, c’est une ligne qu’aucun organisme ne peut faire et qui est pourtant la ligne de la vie elle-même en tant qu’elle déborde tout organisme.
-  Donc à la ligne organique de l’art dit classique, VÖHRINGER oppose la ligne non organique, également vitale pourtant, de l’art dit gothique - par là, ce sera l’expressionnisme.

Cette ligne se brise et ne cesse de changer de direction ou se perd en elle-même. C’est le mouvement même de l’intensité. Bon alors, bien, est-ce que c’est étonnant que dès lors, le mouvement dans l’espace tel que l’expressionnisme allemand va le concevoir, est fondamentalement un mouvement - où paraît être pour le moment, tout va être corrigé, on va voir ... paraît ëtre un mouvement de la décomposition.
-  L’âme va se décomposer, l’âme intensive va se confondre avec le mouvement d’une décomposition qui la ramène à une matière marécageuse.

Mon dieu quel malheur ! et ça va être la promenade dans le marais et ça va être ces décors étouffants et ça va être ces décors étouffants, pas parce que fermés suivant une courbe organique, mais parce que perpétuellement brisés et changeant de direction. Le cabinet CALIGARI, CALIGARI avec ses décors extraordinaires qui sont des décors de plein cinéma et qui introduisent précisément, c’est où il n’y a plus aucune ligne droite, une ligne droite, ça c’est une ligne organique.

La diagonale. Ah la diagonale, c’est louche, c’est ce qui passe entre les deux. De la diagonale à la ligne brisée, il y a des rapports très intimes. La diagonale qui renvoie à une contre diagonale. Oh mais c’est plus du tout l’opposition de mouvements ça. C’est les intensités, c’est les facteurs intensifs qui font pencher la droite. On peut toujours traduire en opposition de mouvements, à ce moment là on perd l’originalité de l’expressionnisme.

C’est pas du tout une pensée de l’opposition, c’est une pensée de l’intensité et c’est très très différent, hein. Ils ont choisi autre chose, une autre direction et c’est comme dans un tableau de SOUTINE où la ville devient folle. La ville devient folle puisqu’il n’y a plus de verticale ni d’horizontale. Il y a des diagonales avec une diagonale qui évoque la contre diagonale.


Here is audio from the above selection, from the Gallica recording [which is a duplicate of the univ-paris8.fr Voix Deleuze recording]:

1981.11.24 pt 2 Worringer and soutine diagonal 16.52 to 22.19 by C.Shores Blog Audio Cache

 


Deleuze cours:

Cinéma Cours 3 du 24/11/1981 - 2 transcription : Claire Pano
http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/article.php3?id_article=82


Gallica recording:

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k128266t

 


Image Credits:

Chaim Soutine. The Old Mill
Thanks Nicole Berry at Accessible Art
http://accessibleartny.com/index.php/2012/10/autumn-in-paris/http://accessibleartny.com/index.php/2012/10/autumn-in-paris/

Chaim Soutine. View of Ceret
Thanks John Asherbery at This Recording
http://thisrecording.com/today/2009/10/29/in-which-our-upstairs-neighbor-is-a-major-painter.html

Chaim Soutine, Landscape with Figures
Thanks Hels at Art and Architecture, mainly
 http://melbourneblogger.blogspot.com/2011/05/chaim-soutines-expressionist-landscapes.html

Chaim Soutine. Landscape with Church Tower (Saint-Pierre’s Church in Céret)
Thanks Mildred Lane Kemper Art Museum
http://kemperartmuseum.wustl.edu/collection/explore/artwork/1353

Chaim Soutine.[no title given]
Thanks The Being Had Times
and
Lenin Imports
http://bhtimes.blogspot.com/2008_02_13_archive.html
http://www.leninimports.com/chaim_soutine_gallery_1.jpg

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