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9 May 2000

sûr, French Vocabulary


compiling by Corry Shores

sûr



[syʀ]


Harper Collins Concise French Dictionary:
sûr
adj
sure, certain;
(digne de confiance) reliable;
(sans danger) safe;
  • peu sûr unreliable
  • sûr de qch sure ou certain of sth;
  • être sûr de qn to be sure of sb;
  • sûr et certain absolutely certain;
  • sûr de soi self-assured, self-confident
  • le plus sûr est de the safest thing is to


Microsoft Reader French-English Pocket Dictionary:
sûr
sure (of, de)
safe
reliable
fig certain, unfailing
sûr de soi self-confident
à coup sûr definitely, for certain
bien sûr! certainly, sure(ly)


SÛR, SÛRE, adj.
I. Empl. prédicatif
A. [Le compl. décrit qqc. de l'ordre de l'événement ou de l'état]
1. [Le suj. de la prédication désigne la pers. qui assume le jugement] Qui tient pour vrai que ce que décrit le complément correspond à quelque chose dans le monde réel (passé, présent ou futur). Synon. assuré, certain, convaincu.
a) Qqn est sûr de+inf. Je lui avouerai que je ne suis pas bien sûr, à présent, d'avoir jamais été à Carthage (FLAUB.,Corresp., 1863, p. 89). Lis, toi, je ne sais pas ce que je lis, je ne suis pas sûr de comprendre (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 303):

1. S'il avait abjuré dès le lendemain de la mort d'Henri III, comme on l'en pressait, tant de hâte eût été suspecte. Il n'eût pas été sûr de désarmer les ligueurs et de rallier tous les catholiques...
BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 188.

b) Qqn est sûr que. Laissez trois hommes ensemble après le dîner, vous pouvez être sûr que la conversation tombera sur les femmes, et que ce sera le plus vieux qui commencera (DUMAS fils, Ami femmes, 1864, II, 1, p. 93). Quand vous entendez fermer une porte avec un bruit de catastrophe, vous pouvez être sûre que c'est le silencieux Marc, Marc le muet. Il massacre toutes les portes et c'est sa manière à lui d'exprimer ses passions (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 154).
En partic.
[Le compl. est le pron. en] Il n'est pas plus prêtre qu'il n'est espagnol, dit Contenson. J'en suis sûr, dit l'agent de la brigade de sûreté (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 339).
[Le compl. est du contraire] Thomas: Laissez donc; je suis ben sûr du contraire (LECLERCQ, Prov. dram., Savet. et financ., 1835, 4, p. 217).
Loc. Sois/soyez sûr(e) que, soyez-en sûr(e). [S'emploie pour témoigner à qqn son assurance à propos de qqc.] Elle se tourna vers Léonard: Tu n'oublieras pas le salut, n'est-ce pas? Non, tante, soyez-en sûre. Alors, amusez-vous, mes enfants (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 19). Vous estimez qu'il a une tête de tueur? Soyez sûr que c'est la tête de l'emploi (CAMUS, Chute, 1956, p. 1493).
c) Qqn est sûr de qqc.
) [Le subst. compl. est lié à un prédicat (verbe ou adj.) exprimant un événement ou un état] Ils sont sûrs de leur victoire. La baronne passerait alors tout son temps chez Hortense et chez les jeunes Hulot, il était sûr de l'obéissance de sa femme(BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 94). C'est encourageant; faut-il qu'elle soit sûre de son triomphe pour se montrer si bonne! (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 66).
) [Le subst. compl. exprime un fait constaté ou supposé] D'ailleurs, sûrs d'une grande profondeur d'eau, ils peuvent marcher, louvoyer, obéir aux courans ou aux remous, jusqu'à ce que le beaupré de leurs vaisseaux touche les branches des arbrisseaux du rivage (CREVECŒUR, Voyage, t. 1, 1801, p. 253). Il n'était plus le maître... Ah! qu'importe, après tout? Anna, sûre de la mort éternelle, tendait son être dans la possession de cette dernière minute de vie(ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1400).
) [Le subst. compl. catégorise qqc. en fonction de ce qui va lui arriver] La couleuvre la fixait de ses yeux ronds et fixes, sûre de sa proie qu'elle ne quittait pas (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 159). Il fut sûr de sa prise (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 490).
d) P. ell. Qqn est sûr. Savez-vous comment ils m'appellent à l'office, ces grands gaillards, de beaux hommes?... Le chameau. Hein? J'observe tout, j'entends tout, malheureusement je ne suis jamais sûre, vous comprenez? Jamais(BERNANOS, Joie, 1929, p. 607).
2. [Constr. impers.: la pers. à l'origine du jugement est le locuteur de l'énoncé] Dont on tient pour certain que ce que décrit le complément se réalisera ou correspond à quelque chose dans le monde réel (passé, présent ou futur). Synon. assuré, certain; anton. douteux, incertain.
a) C'est sûr, est-ce sûr? Monsieur est de Molinchart, je te dis, Cadet; il n'est pas parisien. Est-ce bien sûr que monsieur est de Molinchart? demanda le tailleur (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p. 100). C'est absolument sûr qu'elle doit aller demain chez les Verdurin? Absolument, mais je peux lui dire que cela vous ennuie (PROUST,Prisonn., 1922, p. 101).
Ce qu'il y a de sûr, c'est que. Ce qu'il y a de sûr c'est qu'elle a manqué toute la seconde partie de la pièce (J.-J.AMPÈRE, Corresp., 1825, p. 357).
b) Le plus sûr est de. Dans ces querelles d'individus, pour être convaincu du bon droit de n'importe laquelle des parties, le plus sûr est d'être cette partie-là (PROUST, Temps retr., 1922, p. 773).
c) Il (n') est (pas) sûr que. Enfin, il est sûr qu'elle était ébranlée (CONSTANT, Journaux, 1814, p. 414). Il n'est pas sûr que les prodigieux événements actuels, que ce brassage de peuples et de classes dans les camps, dans les prisons et dans les maquis, prolétarise la bourgeoisie (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 413).
C'est pas sûr. J'aurais peut-être pu essayer (...) de traverser le port à la nage et puis une fois au quai de me mettre à crier « Vive Dollar! Vive Dollar! » C'est un truc. Y a bien des gens qui sont débarqués de cette façon-là et qui après ça ont fait des fortunes. C'est pas sûr, ça se raconte seulement (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 232). Fam. Pas sûr. Ça ne peut pas réussir. (...) Broudier répondait: Pas sûr, mon vieux! Il a fait ce métier-là dans les baraques foraines(ROMAINS, Copains, 1913, p. 255).
Pop., fam. Sûr que. Sûr qu'il va se tromper. Monsieur aurait joliment tort de ne pas venir, ce soir, car, rien qu'à voir madame, sûr que monsieur ne s'embêterait pas (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 51). S'il peut, sûr qu'il parlera (BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1289).
d) [Le suj. est un mot anaphorique]
) [Le suj. est ce] Elle a une paillasse, c'est sûr, et l'argent dedans (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 285).Tristan admire l'intelligence de Schwob. Lui, intelligent, est-ce bien sûr? (RENARD, Journal, 1902, p. 757). (C'est) sûr et certain. On vous mettra au lit. C'est le lit qu'il vous faut, sûr et certain (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 504).
) [Le suj. est rien] Tout dans ce monde est plein de renaissances. Maintenant, la terre est hideuse et stérile. Dans trois mois, elle sera revêtue de primevères. Rien n'est plus sûr (RENAN, Drames philos., Jour an, 1886, p. 709).
3. Fam. [Empl. en commentaire; la pers. à l'origine du jugement est le locuteur de l'énoncé; indique qu'on tient pour certain que ce que décrit la proposition objet du commentaire correspond à quelque chose dans le monde réel (passé, présent ou futur)] Synon. certain.
a) [En réplique] A-t-on idée de cette putain qui déshonorait ma maison! Sûr, c'en est une, ah! une vraie! répétèrent complaisamment Lise et Buteau (ZOLA, Terre, 1887, p. 187). Elle me fait rire encore celle-là. Pas moi. Je l'ai sec. Ça te passera. Pas sûr (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 176).
b) [En fin ou en tête d'énoncé] Notre père m'a fait faire ces habits neufs que je porte, sans quoi je n'aurais jamais voulu venir aux noces; oh! non, sûr, je ne serais pas venu vous donner le bras avec mes habits de l'an dernier (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 49). Je crois que j'ai tué un homme, dit-il. Ou il n'en vaut maintenant guère mieux, sûr! (BERNANOS,Imposture, 1927, p. 1284).
c) Empl. adv. Sans compter deux épidémies que les Iroquois (...) avaient apportées de chez eux. La nouvelle exposition ça serait sûrement encore bien pire. On aurait sûr du choléra (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 92). Région.(Belgique). Il viendra sûr me voir pour Il viendra sûrement me voir. Fam. Sûr qu'il viendra me voir (HANSE Nouv. 1987).
B. [Le compl. désigne qqc. de l'ordre de l'individu]
1. [Le suj. de la prédication désigne la pers. qui assume le jugement] (Qqn est) sûr de qqc.
a) Qui tient quelque chose pour assuré. Synon. assuré de, certain; anton. douteux, incertain, problématique.
) [Le compl. désigne qqc. en tant que résultat ou point d'aboutissement d'un événement] L'armée prussienne envahissait la France. On n'était pas sûr du résultat des élections (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 71). Il frappa trois coups pour obtenir le silence, se carra dans un fauteuil, et, la voix bien posée, sûr de ses effets: Yvonne, tout est-il prêt pour recevoir nos invités? (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 173).
Locutions
(Être) sûr de son fait. (Être) certain de ce qu'on affirme. Il me répondit qu'il était sûr de son fait et ajouta que je lui avais même dit que son vrai nom était Gandin (PROUST, Sodome, 1922, p. 956).
(Être) sûr de son coup, de son affaire. (Être) certain que ce qu'on fait correspondra à ce qu'on a voulu. Il n'est pas à trois pas, se dit-il, mais à cette distance je suis sûr de mon coup (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 52). Il me suivait, en retard d'un demi-pas. Tranquille, cette fois, têtu, sûr de son affaire, sûr de ma faiblesse (DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p. 116).
) [Le compl. désigne qqc. en tant qu'instance partic.] Je suis sûr de la date de sortie, examen de la fin de 1799 (STENDHAL,H. Brulard, t. 1, 1836, p. 263). Il les examinerait plus tard, quand il serait tout à fait sûr de l'identité des deux femmes(BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 60).
b) Être, se sentir sûr de qqn/qqc. Avoir confiance en quelqu'un/quelque chose.
) [Le compl. désigne une pers.] Je ne suis pas sûre de ma femme de chambre (MUSSET, Chandelier, 1840, I, 1, p. 18). Il était trop sûr d'Odette, dit Albert (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 208).
En partic. (Être) sûr de + pron. réfl. (Être) confiant dans ses réactions. Elle répondit, en femme sûre d'elle: « Je ne demande pas mieux » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hérit., 1884, p. 511). Comme mon sentimentalisme bête est d'un petit garçon en face de ce bel égoïsme bien organisé et sûr de soi! (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 216). Trop sûr de + pron. réfl. Déterminé jusqu'à l'excès. Vous me sembliez trop fort, trop assuré, trop sûr de vous-même. Cette manière de serrer les dents! (CLAUDEL, Part. midi, 1906, I, p. 994).
[En commentaire] Joseph prit son stylo et commença de lire la liste, d'un œil attentif (...). Il disait à voix basse: « Janville, sûr! Teyssèdre, sûr! Pujol, sûr! Pierquin, sûr! De Praz... ah! De Praz, douteux... » (DUHAMEL Passion J. Pasquier, 1945, p. 198).
) [Le compl. désigne une capacité, une aptitude, une propriété] Être sûr de sa force. Elle chantait ainsi, sûre de sa beauté, L'implacable Déesse aux splendides prunelles (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p. 44). Il fronça les sourcils. La douleur grandissait, tranquille, sûre de sa force (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 9).
) [Le compl. désigne un moyen] Fatima est vivante, dit Don José. Vivante... Mais c'est impossible! s'écria Zampa, je suis sûr de ma drogue (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 4, 1859, p. 242). Mme Ligneul (...) ne se sentit pas sûre des arguments qu'elle pouvait donner pour justifier la continuation de l'entreprise (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 61).
2. [Le locuteur est la pers. qui assume le jugement] Qqc. est sûr
a) [Le suj. désigne un processus, un événement] Dont le résultat ne fait aucun doute. Synon. assuré, certain; anton. douteux, incertain. L'affaire est sûre. Hier soir, en rentrant à six heures, je trouve dans mon cabinet Mirbeau et Thadée. Votre élection est sûre, me dit Mirbeau (RENARD, Journal, 1907, p. 1136). Étienne, on sait qu'il balade son or dans sa ceinture. Il s'en vante. Le coup est sûr. Du pain tout cuit (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 178).
En partic. [Après un verbe d'opinion] On avait jugé plus sûr de scinder les difficultés pour les résoudre l'une après l'autre (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 293).
b) [Le suj. désigne une activité] Qui produit son effet de manière attendue et réglée. Synon. assuré; anton. chaotique, déréglé. Avoir un pas sûr; un trot sûr. Son commerce est sûr, son esprit indulgent (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 65).
c) [Le suj. désigne une pers.] Dont l'action, l'activité est fiable, sur lequel on peut compter. Anton. douteux. Ton cousin est-il un homme assez sûr pour qu'on puisse lui confier une lettre avec certitude qu'elle sera remise? (FLAUB., Corresp., 1846, p. 342).
d) [Le suj. désigne un moyen] Dont l'usage correspond à ce qu'on attend. Synon. fiable, efficace. La table est le plus sûr thermomètre de la fortune dans les ménages parisiens (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 53). La porte de sa cave est sûre, Il en tient dans son poing la clé, Mais, par le trou de la serrure, Un filet d'air froid a soufflé (SULLY PRUDH., Vaines tendr., 1875, p. 166).
En partic. [Le suj. désigne un organe des sens] Qui fonctionne d'une manière efficace et précise. Son pied est sûr.
e) En partic. [Le suj. désigne un lieu] Où l'on ne risque rien, où ce qui s'y trouve est à l'abri du danger. Anton. dangereux, à risque. Les parages ne sont pas sûrs. Les campagnes étaient peu sûres, les grands chemins non tracés (SAINTE-BEUVE,Port-Royal, t. 1, 1840, p. 201):

2. Il regarda autour de lui: « L'endroit est absolument sûr? Aucune chance que notre conversation soit surprise? Qui habite au-dessus? Un professeur de piano très inoffensif, dit Dubreuilh. Et les gens d'en dessous sont en vacances. »
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 296.

II. Empl. épith. [La pers. qui assume le jugement est le locuteur de l'énoncé]
A. [En parlant de qqc. qui n'est pas de l'ordre de l'individu]
1. [En parlant d'un processus, d'un événement] Dont l'issue, le résultat ne fait aucun doute, qui se produira ou qui est conforme à l'effet escompté.
a) [En postposition] Synon. assuré, certain; anton. douteux, incertain. (...) Et le mariage aura lieu. Vous me le promettez? Je n'entreprends que les affaires sûres (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 222). Il y a cent pour cent à gagner dans l'affaire dont je te parle. C'est un placement sûr. Tu sais bien que je ne voudrais pas te mettre dedans (ZOLA, Curée, 1872, p. 595).
En partic. [Le subst. qualifié désigne le résultat d'un processus] Le genêt, la fleur lumineuse de cette nature sombre. De l'or dans du charbon. Contraste facile, effet sûr (RENARD, Journal, 1904, p. 905).
Loc. À coup sûr. D'une manière certaine, inéluctable. À coup sûr, Sigognac n'était point vaniteux et son orgueil de gentilhomme méprisait ce métier de baladin à quoi la nécessité l'obligeait (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 264). C'est un artiste, à coup sûr. Mais il est un peu brute (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 110).
b) [En antéposition] Synon. assuré, certain; anton. incertain. Si la calomnie y mêla du poison, ce fut un lent et sûr empoisonnement (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 533). Meyrignac devait revenir à mon oncle Gaston: satisfait de ce sûr destin, celui-ci se voua à l'oisiveté (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 35).
2. [En parlant d'un geste, d'un mouvement] Qui se déroule de manière contrôlée ou qui produit son effet de manière attendue et réglée.
a) [En postposition] Synon. assuré, ferme1; anton. chaotique. Au tableau des sciences doit s'unir celui des arts qui, s'appuyant sur elles, ont pris une marche plus sûre, et ont brisé les chaînes où la routine les avait jusqu'alors retenus(CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p. 184).
b) [En antéposition] Synon. assuré, ferme1. Il marmonna quelques syllabes, puis d'un sûr élan: Mon maître qui vous porte un amour sans égal (ROMAINS, Copains, 1913, p. 80).
3. [En parlant d'une capacité] Qui agit efficacement, sur lequel on peut compter.
a) [En postposition] Synon. juste, fiable; anton. chancelant, défaillant, incertain. Il a un instinct, un jugement très sûr. Il avait la voix bonne, la mémoire sûre, et l'imagination assez lettrée pour ajouter à son rôle ces répliques qui naissent de l'occasion et donnent de la vivacité au jeu (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 177). La malveillance, quand les règles fixes d'un goût sûr ne lui imposent pas de bornes équitables, trouve tout à critiquer (PROUST, Sodome, 1922, p. 944).
En partic. [En parlant d'une attitude, d'une manière d'être] Qui montre une satisfaction exagérée. Synon. fat. Un petit homme en redingote, d'une vie étriquée, d'un contentement sûr et complet (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1907, p. 150).
b) [En antéposition] Synon. fiable; anton. défaillant, incertain. Une sagacité d'argentier dans le choix de la meilleure monnaie de change, un sûr discernement de la valeur qui ferait prime sur le marché politique (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 48). Il n'oublie jamais les conditions de la réussite. Un sûr instinct bourgeois l'avertit du moment où le rêveur va patauger (MASSIS, Jugements, 1923, p. 200).
4. [En parlant d'un objet de connaissance] Qui est conforme à ce qui existe. Synon. certain; anton. incertain, douteux. Je parviendrais à savoir des choses sûres, indubitables, et que je pourrais me prouver à volonté (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 377).
B. [En parlant de qqc. de l'ordre de l'individu]
1. [En parlant d'une pers. en tant qu'elle est typiquement associée à une activité] Dont l'action, l'activité est fiable, sur lequel on peut compter. Une telle disposition fait des conservateurs peu sûrs et des révolutionnaires peu redoutables (MASSIS,Jugements, 1923, p. 10).
a) [En postposition] (...) Est-ce une personne qui a agi dans un sentiment chrétien? C'est une amie sûre et intelligente qui s'est renseignée dans le pays (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 36). De toute sa vie, Sigismond n'a eu qu'un seul allié sûr, le marquis d'Este (MONTHERL., Malatesta, 1946, III, 5, p. 503).
b) [En antéposition] Lord Wilmorie (...) vous a (...) ouvert un crédit de cinq mille francs par mois chez M. Danglars, un des plus sûrs banquiers de Paris (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 819). Je vous confie, comme à un très-vieux et très-sûr ami, cette peine qui est, au fond de ma vie, (...) une grande amertume (BLOY, Journal, 1903, p. 181).
) [Le compl. désigne qqc. en tant qu'instance partic.] Je suis sûr de la date de sortie, examen de la fin de 1799 (STENDHAL,H. Brulard, t. 1, 1836, p. 263). Il les examinerait plus tard, quand il serait tout à fait sûr de l'identité des deux femmes(BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 60).
b) Être, se sentir sûr de qqn/qqc. Avoir confiance en quelqu'un/quelque chose.
) [Le compl. désigne une pers.] Je ne suis pas sûre de ma femme de chambre (MUSSET, Chandelier, 1840, I, 1, p. 18). Il était trop sûr d'Odette, dit Albert (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 208).
En partic. (Être) sûr de + pron. réfl. (Être) confiant dans ses réactions. Elle répondit, en femme sûre d'elle: « Je ne demande pas mieux » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hérit., 1884, p. 511). Comme mon sentimentalisme bête est d'un petit garçon en face de ce bel égoïsme bien organisé et sûr de soi! (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 216). Trop sûr de + pron. réfl. Déterminé jusqu'à l'excès. Vous me sembliez trop fort, trop assuré, trop sûr de vous-même. Cette manière de serrer les dents! (CLAUDEL, Part. midi, 1906, I, p. 994).
[En commentaire] Joseph prit son stylo et commença de lire la liste, d'un œil attentif (...). Il disait à voix basse: « Janville, sûr! Teyssèdre, sûr! Pujol, sûr! Pierquin, sûr! De Praz... ah! De Praz, douteux... » (DUHAMEL Passion J. Pasquier, 1945, p. 198).
) [Le compl. désigne une capacité, une aptitude, une propriété] Être sûr de sa force. Elle chantait ainsi, sûre de sa beauté, L'implacable Déesse aux splendides prunelles (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p. 44). Il fronça les sourcils. La douleur grandissait, tranquille, sûre de sa force (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 9).
) [Le compl. désigne un moyen] Fatima est vivante, dit Don José. Vivante... Mais c'est impossible! s'écria Zampa, je suis sûr de ma drogue (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 4, 1859, p. 242). Mme Ligneul (...) ne se sentit pas sûre des arguments qu'elle pouvait donner pour justifier la continuation de l'entreprise (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 61).
2. [Le locuteur est la pers. qui assume le jugement] Qqc. est sûr
a) [Le suj. désigne un processus, un événement] Dont le résultat ne fait aucun doute. Synon. assuré, certain; anton. douteux, incertain. L'affaire est sûre. Hier soir, en rentrant à six heures, je trouve dans mon cabinet Mirbeau et Thadée. Votre élection est sûre, me dit Mirbeau (RENARD, Journal, 1907, p. 1136). Étienne, on sait qu'il balade son or dans sa ceinture. Il s'en vante. Le coup est sûr. Du pain tout cuit (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 178).
En partic. [Après un verbe d'opinion] On avait jugé plus sûr de scinder les difficultés pour les résoudre l'une après l'autre (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 293).
b) [Le suj. désigne une activité] Qui produit son effet de manière attendue et réglée. Synon. assuré; anton. chaotique, déréglé. Avoir un pas sûr; un trot sûr. Son commerce est sûr, son esprit indulgent (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 65).
c) [Le suj. désigne une pers.] Dont l'action, l'activité est fiable, sur lequel on peut compter. Anton. douteux. Ton cousin est-il un homme assez sûr pour qu'on puisse lui confier une lettre avec certitude qu'elle sera remise? (FLAUB., Corresp., 1846, p. 342).
d) [Le suj. désigne un moyen] Dont l'usage correspond à ce qu'on attend. Synon. fiable, efficace. La table est le plus sûr thermomètre de la fortune dans les ménages parisiens (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 53). La porte de sa cave est sûre, Il en tient dans son poing la clé, Mais, par le trou de la serrure, Un filet d'air froid a soufflé (SULLY PRUDH., Vaines tendr., 1875, p. 166).
En partic. [Le suj. désigne un organe des sens] Qui fonctionne d'une manière efficace et précise. Son pied est sûr.
e) En partic. [Le suj. désigne un lieu] Où l'on ne risque rien, où ce qui s'y trouve est à l'abri du danger. Anton. dangereux, à risque. Les parages ne sont pas sûrs. Les campagnes étaient peu sûres, les grands chemins non tracés (SAINTE-BEUVE,Port-Royal, t. 1, 1840, p. 201):

2. Il regarda autour de lui: « L'endroit est absolument sûr? Aucune chance que notre conversation soit surprise? Qui habite au-dessus? Un professeur de piano très inoffensif, dit Dubreuilh. Et les gens d'en dessous sont en vacances. »
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 296.

II. Empl. épith. [La pers. qui assume le jugement est le locuteur de l'énoncé]
A. [En parlant de qqc. qui n'est pas de l'ordre de l'individu]
1. [En parlant d'un processus, d'un événement] Dont l'issue, le résultat ne fait aucun doute, qui se produira ou qui est conforme à l'effet escompté.
a) [En postposition] Synon. assuré, certain; anton. douteux, incertain. (...) Et le mariage aura lieu. Vous me le promettez? Je n'entreprends que les affaires sûres (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 222). Il y a cent pour cent à gagner dans l'affaire dont je te parle. C'est un placement sûr. Tu sais bien que je ne voudrais pas te mettre dedans (ZOLA, Curée, 1872, p. 595).
En partic. [Le subst. qualifié désigne le résultat d'un processus] Le genêt, la fleur lumineuse de cette nature sombre. De l'or dans du charbon. Contraste facile, effet sûr (RENARD, Journal, 1904, p. 905).
Loc. À coup sûr. D'une manière certaine, inéluctable. À coup sûr, Sigognac n'était point vaniteux et son orgueil de gentilhomme méprisait ce métier de baladin à quoi la nécessité l'obligeait (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 264). C'est un artiste, à coup sûr. Mais il est un peu brute (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 110).
b) [En antéposition] Synon. assuré, certain; anton. incertain. Si la calomnie y mêla du poison, ce fut un lent et sûr empoisonnement (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 533). Meyrignac devait revenir à mon oncle Gaston: satisfait de ce sûr destin, celui-ci se voua à l'oisiveté (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 35).
2. [En parlant d'un geste, d'un mouvement] Qui se déroule de manière contrôlée ou qui produit son effet de manière attendue et réglée.
a) [En postposition] Synon. assuré, ferme1; anton. chaotique. Au tableau des sciences doit s'unir celui des arts qui, s'appuyant sur elles, ont pris une marche plus sûre, et ont brisé les chaînes où la routine les avait jusqu'alors retenus(CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p. 184).
b) [En antéposition] Synon. assuré, ferme1. Il marmonna quelques syllabes, puis d'un sûr élan: Mon maître qui vous porte un amour sans égal (ROMAINS, Copains, 1913, p. 80).
3. [En parlant d'une capacité] Qui agit efficacement, sur lequel on peut compter.
a) [En postposition] Synon. juste, fiable; anton. chancelant, défaillant, incertain. Il a un instinct, un jugement très sûr. Il avait la voix bonne, la mémoire sûre, et l'imagination assez lettrée pour ajouter à son rôle ces répliques qui naissent de l'occasion et donnent de la vivacité au jeu (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 177). La malveillance, quand les règles fixes d'un goût sûr ne lui imposent pas de bornes équitables, trouve tout à critiquer (PROUST, Sodome, 1922, p. 944).
En partic. [En parlant d'une attitude, d'une manière d'être] Qui montre une satisfaction exagérée. Synon. fat. Un petit homme en redingote, d'une vie étriquée, d'un contentement sûr et complet (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1907, p. 150).
b) [En antéposition] Synon. fiable; anton. défaillant, incertain. Une sagacité d'argentier dans le choix de la meilleure monnaie de change, un sûr discernement de la valeur qui ferait prime sur le marché politique (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 48). Il n'oublie jamais les conditions de la réussite. Un sûr instinct bourgeois l'avertit du moment où le rêveur va patauger (MASSIS, Jugements, 1923, p. 200).
4. [En parlant d'un objet de connaissance] Qui est conforme à ce qui existe. Synon. certain; anton. incertain, douteux. Je parviendrais à savoir des choses sûres, indubitables, et que je pourrais me prouver à volonté (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 377).
B. [En parlant de qqc. de l'ordre de l'individu]
1. [En parlant d'une pers. en tant qu'elle est typiquement associée à une activité] Dont l'action, l'activité est fiable, sur lequel on peut compter. Une telle disposition fait des conservateurs peu sûrs et des révolutionnaires peu redoutables (MASSIS,Jugements, 1923, p. 10).
a) [En postposition] (...) Est-ce une personne qui a agi dans un sentiment chrétien? C'est une amie sûre et intelligente qui s'est renseignée dans le pays (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 36). De toute sa vie, Sigismond n'a eu qu'un seul allié sûr, le marquis d'Este (MONTHERL., Malatesta, 1946, III, 5, p. 503).
b) [En antéposition] Lord Wilmorie (...) vous a (...) ouvert un crédit de cinq mille francs par mois chez M. Danglars, un des plus sûrs banquiers de Paris (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 819). Je vous confie, comme à un très-vieux et très-sûr ami, cette peine qui est, au fond de ma vie, (...) une grande amertume (BLOY, Journal, 1903, p. 181).


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